Le 15 mai 1915, à six heures du soir, dans les tranchées de Ville-sur-Tourbe (Champagne), une énorme explosion retentit. Trois mines placées par l’armée allemande et chargées de vingt tonnes d’explosifs viennent de faire leur office.
L’explosion cataclysmique va mettre en pièce les tranchées françaises et les terres vont définitivement recouvrir les corps de centaines de soldats pris au piège.
La riposte des 7ème et 3ème régiments d’Infanterie Coloniale est immédiate et des combats acharnés vont se dérouler, souvent au corps à corps, tout au long de la nuit.
La victoire, pour cette fois sera du côté français. Plus d’un millier de soldats allemands seront tués et cinq cents faits prisonniers. Les Français, quant à eux subiront, en morts, les mêmes pertes.
C’est donc dans cette furie mêlant le bruit, l’acier et le sang que Léon (dit Antoine) Signac va perdre la vie à vingt cinq ans, tombé au champ d’honneur le 16 mai.
Né le 29/12/1889, il était le boulanger de Prignac et Cazelles. Sa fiche signalétique nous le décrit comme de taille petite, 1m56, à cheveux noirs et yeux bleus. Il servira au 28ème Bataillon de Chasseurs du 5/10/1910 au 25/09/1912 où il sera nommé caporal le 24/09/1911.
Rappelé à l’activité lors de la mobilisation générale le 1er aout 1914, il intègre le 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale où il est nommé sergent le 4 mars 1915.
Pourquoi commémorer plus particulièrement la mort de ce sous-officier ?
C’est en fait juste l’histoire d’une tombe en pleine terre, située dans un coin caché du cimetière de Cazelles, avec comme seule ornementation une croix de fer rouillé, une plaque de marbre portant un nom avec cette mention particulière : « Mort pour la France ». Quel symbole !
Puis un jour, il y a quatre ou cinq ans, plus de croix, plus de pierre, plus de plaque ! Juste un nouveau tombeau en béton à la place…
Nous découvrions, un peu plus tard, que les ossements du soldat valeureux avaient été enlevés, la plaque brisée et jetée à la décharge où nous avons eu la chance inouïe de la récupérer.
La mention « Mort pour la France » impose un protocole particulier qui manifestement et délibérément n’avait pas été respecté…
L’Association de Sauvegarde du Patrimoine a ainsi restauré, repeint les lettres couleur or et, avec l’accord de la municipalité, posé la plaque de marbre sur le mur du cimetière, près du Sanctuaire roman de Cazelles.
Ce 16 mai 2015, un siècle jour pour jour après sa disparition et dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, l’émotion était réelle et palpable au cours de cette cérémonie qui souhaitait empêcher l’oubli de s’installer à nouveau et mieux mettre en évidence le sacrifice ultime du Sergent Signac, enfant de Cazelles.
Nous tenons ici, à travers ces lignes à remercier le plus chaleureusement possible tous ceux dont les noms suivent et sans qui cet acte de mémoire n’aurait pu avoir lieu :
Aline et Michel Gaillard, Monique et Robert Gatard, Gaëlle, Fabrice, Cassandra et Emeline Andrieu, Jean-Luc Picard, Géraldine et Célien Goguery , Annie Lalande, Ginette Peltant, Barbara et Casimir Kania, Edith et Jean-Claude Puchelle, Geneviève Renard, Huguette Behety, Frédérique Lardière, Stéphanie Richard, Michel Bonnin, Christophe Meynard, Tom Martinez, Marc Barrière, Corinne Levraud, Nathalie et Hervé Béteille.
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